MEDIA CORSICA
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Le mensonge aux USA
C'est à se demander ce que deviennent les USA, le mensonge si rejeté est devenu grâce à Trump une institution :
Le "Fact Checker" du journal "Washington Post" a calculé le nombre de mensonges ou d'approximations du président sortant des Etats-Unis, Donald Trump, au cours de son mandat. Une habitude qui a atteint son apogée le 2 novembre dernier, à la veille de l'élection présidentielle, avec 503 fausses déclarations en un seul jour enregistrées par le journal.
Les diffuseurs de mensonges ne vacillent pas tous. Il en est un en particulier qui a mis la barre très haut : Donald Trump. Le Washington Post traque ses mensonges, imprécisions, contre-vérités et autres erreurs censées être volontaires depuis des mois. Si l’on en croit le journal, il en est déjà à plus de 10 000 depuis son investiture.
Avec des degrés de "mensongitude" différents. Des petits Pinocchio permettent d’ailleurs d’en évaluer l’importance, comme les petits piments sur les menus thaïs qui indiquent à quel point le client crachera du feu. Cette profusion comporte un risque immense: la banalisation du mensonge. Et c’est bien ce que Donald Trump contribue à faire. Avec, visiblement, quelques fidèles serviteurs comme complices.
« Aux États-Unis, une des premières choses qu'on apprend à un enfant est de ne pas mentir », souligne Me Christopher Mesnooh, avocat aux barreaux de New York et de Paris. Ce trait de caractère qui imprègne la société américaine, où le mensonge est extrêmement peu toléré par rapport à la France, a été mis en exergue ces derniers jours par l'affaire DSK. Nafissatou Diallo, la femme de chambre du Sofitel de New York qui accuse Dominique Strauss-Kahn d'agression sexuelle, est passé en seulement quelques heures du statut d'«employée modèle» à celui d'affabulatrice. En cause, les dernières révélations sur sa vie privée qui dévoilent plusieurs mensonges et le récit fluctuant de son immigration aux États-Unis. Une faute considérée comme grave par les Américains.
Pour Me Christopher Mesnooh, l'importance accordée au mensonge aux États-Unis tient au fondement même de la culture américaine et aux racines très puritaines du pays. «Si vous faites une erreur, les Américains s'attendent à ce que vous l'assumiez et que vous demandiez pardon. Ne pas assumer son erreur signifie au contraire une extension du mensonge, poursuit l'avocat. En revanche, à partir du moment où vous vous ‘confessez' et que vous prenez vos responsabilités en public, en utilisant tout le répertoire de la tristesse et du regret, la population est toujours prête à pardonner ».
Qu'en est-il aujourd'hui avec l'élection de Trump ?
Et Me Mesnooh de rappeler l'affaire Lewinsky, qui avait valu au président américain Bill Clinton d'être mis en accusation en 1998 par la Chambre des représentants. Il était accusé d'avoir «trompé la confiance du peuple» en faisant de «fausses déclarations sur sa conduite répréhensible» avec Monica Lewinsky. Il aurait suffi que le Sénat confirmât ces accusations à la majorité des deux tiers pour qu'il fût contraint de se retirer, au simple motif qu'il avait menti sur sa vie privée. « Beaucoup d'Américains pensent que si un responsable politique est capable de mentir à sa femme, il pourra mentir à son pays », note Me Mesnooh. Selon ce dernier, si Clinton n'avait pas menti la première fois, il aurait certainement pu éviter les suites au Congrès. Le scénario vient de se répéter avec un élu de New York, Anthony Weiner, qui a dû démissionner mi-juin de son poste pour une affaire de mœurs. Après avoir nié en bloc les accusations dont il était la cible, le député démocrate a fini par reconnaître avoir envoyé des photos osées de lui à des femmes via le réseau social Twitter.
L’ancien avocat de Donald Trump, célèbre pour avoir menti devant le Congrès et avoir acheté le silence d’anciennes partenaires sexuelles de Donald Trump, était invité à dire… la vérité devant ce même Congrès. Paradoxe que n’ont pas manqué de noter les républicains, soucieux de limiter les dégâts de ce témoignage ravageur pour le président.
Aux Etats-Unis, on le sait, la vérité est érigée en vertu cardinale.
Mentir, c’est le crime absolu. C’est surtout un sport national. Passons sur les mensonges politiques – depuis la fellation de la stagiaire de la Maison Blanche Monica Lewinksy qui faillit provoquer la destitution de Bill Clinton en 1999 en passant par les armes de destruction de Saddam Hussein inventées par l’administration Bush jusqu’aux frasques de Donald Trump.