MEDIA CORSICA
𝗥𝗮𝗰𝗵𝗮𝘁 𝗱𝗲 La Méridionale : 𝗡𝗼𝗻 𝗮 𝘂𝗻𝗲 𝗻𝗼𝘂𝘃𝗲𝗹𝗹𝗲 𝘀𝗽𝗼𝗹𝗶𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗺𝗮𝗿𝗶𝘁𝗶𝗺𝗲 𝗲𝗻 𝗖𝗼𝗿𝘀𝗲
Depuis le 1er Janvier 2023, la Compagnie SA La Méridionale est titulaire d’un contrat de DSP Maritime pour 8 ans sur deux lignes : Portivechju-Marseille en délégation propre et Aiacciu-Marseille en partenariat avec Corsica Linea.
À ce titre, elle percevra annuellement plus de 32 Millions d’Euros de subvention de la part de la CDC ; 260 millions sur la durée du contrat.
Sans la DSP, cette compagnie était vouée à la liquidation alors qu’avec ce contrat elle dégagera, comme par le passé, un excédent d’exploitation de 10 millions d’Euros par an (Cf bilans 2000 à 2019, avant la perte de la DSP transitoire de 2 ans).
Nous apprenons, par la presse maritime spécialisée, que La Méridionale est en passe d’être cédée au groupe CMA-CGM, 3ème armateur maritime au monde.
Face à cette fuite, le groupe STEF, propriétaire de La Méridionale, s’est retrouvé dans l’obligation de confirmer la transaction en cours et de convoquer le comité d’entreprise.
Le groupe CMA-CGM, appartenant à la famille Saadé, a réalisé en 2022 un bénéfice de plus de 20 Milliards d’Euros, deux fois le PIB de la Corse.
Ce groupe familial, basé à Marseille, vient de racheter le seul journal quotidien corse, Corse Matin. Il pourrait racheter l'île toute entière. Compte tenu de l’immensité de ses avoirs, le groupe Saadé investit dans plusieurs sociétés. Il vient d’entrer au capital d’Air France, de créer une compagnie aérienne, CMA-CGM Air Cargo. À quand une position sur Air Corsica ?
Quelle est sa stratégie dans cette reprise de La Méridionale ? Mécénat ? Empathie pour la Corse ou bien business ?
En tout état de cause, nous ne pouvons pas nous résoudre à accepter la captation d’un outil naval stratégique pour la Corse, par un groupe maritime aussi puissant. Nous sommes surpris du silence assourdissant du petit monde maritime corse à ce sujet.
Or, cette cession de contrat est rigoureusement interdite par l’article 56 de chaque contrat de DSP : "𝘓𝘦 𝘥é𝘭é𝘨𝘢𝘵𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘯𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘳𝘳𝘢 𝘤é𝘥𝘦𝘳 𝘯𝘪 𝘵𝘳𝘢𝘯𝘴𝘧é𝘳𝘦𝘳 𝘱𝘢𝘳 𝘲𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶𝘦 𝘷𝘰𝘪𝘦 𝘥𝘦 𝘥𝘳𝘰𝘪𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘤𝘦 𝘴𝘰𝘪𝘵 (𝘯𝘰𝘵𝘢𝘮𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘱𝘢𝘳 𝘷𝘰𝘪𝘦 𝘥𝘦 𝘤𝘦𝘴𝘴𝘪𝘰𝘯, 𝘵𝘳𝘢𝘯𝘴𝘧𝘦𝘳𝘵, 𝘴𝘶𝘣𝘴𝘵𝘪𝘵𝘶𝘵𝘪𝘰𝘯, 𝘥’𝘢𝘱𝘱𝘰𝘳𝘵, 𝘧𝘶𝘴𝘪𝘰𝘯, 𝘴𝘤𝘪𝘴𝘴𝘪𝘰𝘯…) à 𝘵𝘪𝘵𝘳𝘦 𝘨𝘳𝘢𝘵𝘶𝘪𝘵 𝘰𝘶 𝘰𝘯é𝘳𝘦𝘶𝘹 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘰𝘶 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘥𝘳𝘰𝘪𝘵𝘴 𝘦𝘵 𝘰𝘣𝘭𝘪𝘨𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘳é𝘴𝘶𝘭𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘤𝘰𝘯𝘷𝘦𝘯𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘲𝘶’𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘭’𝘢𝘨𝘳é𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘦𝘹𝘱𝘳𝘦𝘴𝘴, é𝘤𝘳𝘪𝘵 𝘦𝘵 𝘱𝘳é𝘢𝘭𝘢𝘣𝘭𝘦 𝘥𝘶 𝘋é𝘭é𝘨𝘢𝘯𝘵. À 𝘥é𝘧𝘢𝘶𝘵 𝘥’𝘢𝘨𝘳é𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘥𝘪𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘤𝘪-𝘥𝘦𝘴𝘴𝘶𝘴 𝘷𝘪𝘴é𝘦𝘴, 𝘭𝘢 𝘤𝘦𝘴𝘴𝘪𝘰𝘯 𝘴𝘦𝘳𝘢 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘪𝘥é𝘳é𝘦 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘪𝘳𝘳é𝘨𝘶𝘭𝘪è𝘳𝘦 𝘦𝘵 𝘪𝘯𝘰𝘱𝘱𝘰𝘴𝘢𝘣𝘭𝘦 𝘢𝘶 𝘥é𝘭é𝘨𝘢𝘯𝘵 𝘦𝘵 𝘱𝘰𝘶𝘳𝘳𝘢 𝘦𝘯𝘵𝘳𝘢î𝘯𝘦𝘳 𝘭𝘢 𝘳é𝘴𝘪𝘭𝘪𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘧𝘢𝘶𝘵𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘤𝘰𝘯𝘷𝘦𝘯𝘵𝘪𝘰𝘯."
La vente des parts de STEF dans La Méridionale à CMA-CGM est une cession de contrat.
Les navires, et les employés de La Méridionale, font partie du patrimoine stratégique de la Corse. Ils doivent être préservés avec pour objectif d’en faire le socle de la compagnie régionale.
La CDC doit se positionner pour le rachat de la flotte de La Méridionale.
Les quatre navires de La Méridionale, précédemment affectés à la Corse, quasiment tous amortis, ont été largement payés par les subventions de la CDC.
On parle d’une transaction à plus de 100 Millions d’Euro. C’est le contrat de la DSP qui est vendu. Est-ce acceptable ?
Nous refusons cette nouvelle spoliation qui sera un remake SNCM/ BUTLER-VEOLIA.
L’actuel Directeur Général de La Méridionale, nommé le 9 janvier 2023, n’est autre que l’ancien Directeur Général de la SNCM qui a planifié la liquidation de la compagnie avec toutes les conséquences néfastes qui ont suivi. Là aussi, un remake de "l’homme qu’il faut là où il faut."
Pourtant nous avions alerté et argumenté contre cette DSP.
En avril 2022, nous n’avons pas voté le principe de la DSP à 8 ans, car sa durée sonnait le glas pour une compagnie maritime publique corse.
En décembre 2022, nous n’avons pas voté les contrats de DSP car ils étaient trop onéreux pour les Corses et trop juteux pour les bénéficiaires avec une augmentation de 25% des dotations par rapport à 2019 (Post Covid et crise mondiale) et une augmentation des tarifs de 15%.
Ne pas se positionner clairement aujourd’hui contre ce rachat :
↪ C’est refuser à jamais la perspective d’un outil naval public au service de la Corse ;
↪ C’est accepter le diktat permanent d'un lobby marseillais sur la desserte maritime corse ;
↪ C’est accepter la sacralisation d’une oligarchie maritime qui décide et impose ses règles