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un journaliste qui honore sa mission

 Borj el mechkouk », à la recherche de l’eau perdue au Maroc

Dans la région désertique d’Errachidia, soumise à des périodes récurrentes

de grande sécheresse, un homme est envoyé pour désensabler un système

de galeries d’eaux souterraines destiné à l’irrigation des cultures.

Avec poésie, Driss Aroussi signe une fable cinématographique sur le dérèglement climatique.

"Juché sur une charrette bringuebalant au rythme lent de la mule qui la tracte avec peine, un homme s'avance à travers une étendue semi-désertique. Nous sommes dans la région d'Errachidia, non loin de l'oasis de Fezna-Jorf. Le chef du village a confié à Moustapha la mission d'inspecter les "khettaras" : ceux-ci forment un très ancien système de tunnels de drainage souterrains qui captent l'eau des nappes aquifères lorsqu'il n'y a pas eu de pluie pendant des mois, tout en évitant l'évaporation thermique. Ils sont essentiels à l'irrigation des cultures. C'est le deuxième film que Driss Aroussi tourne dans ce coin du Maroc dont il est originaire. Son sens aigu du cadre rend parfaitement la condition sisyphienne du héros, qui sonde les galeries, aujourd'hui à sec, seulement outillé d'une échelle, d'une lampe à pétrole et d'une houe avec laquelle il gratte, en vain, le sol craquelé dans l'espoir de faire jaillir la précieuse ressource. Et la séquence finale de Borj el mechkouk, qui utilise la réfraction de la lumière pour produire une illusion d'optique, tragique et poétique, donne à ce court-métrage la puissance d'une fable cinématographique qui envisage notre disparition prochaine."
(Emmanuel Chicon - Visions du Réel)

L'avis de tënk

Voilà un film qui assèche la bouche, voilà un film sec. Sec, le bruit des broussailles qui crépitent dans le feu, secs les coups de pioche dans la terre craquelée, sèche même la lumière blanche. L'homme cherche de l'eau là où jadis il y en avait, dans des « galeries drainantes ». Il déplace des cailloux avec un espoir qui nous paraît fou : faire ressurgir une goutte. « Toi aussi demande à Dieu de nous donner de la pluie » dit-il à son ânesse. Est-ce en vain ? S'il n'y a pas d'eau, il y a bien un peu de divin qui s'immisce dans le film. Quelque chose qui vient du ciel, un orage, une musique qui, sèche au début, se mouille enfin un tout petit peu. Et puis il y a, dans une séquence finale renversante, le monde entier qui se retourne.

Jérémie Jorrand Responsable de l'éditorial et de la programmation de Tënk

Driss Aroussi :

Né en 1979 à Fezna au Maroc, vit et travaille à Marseille. Son travail artistique est polysémique, empruntant plusieurs pistes de recherche, naviguant entre expérimentation et forme documentaire : ces deux parts du travail articulent une forme d'engagement à l'envie d'inventer toujours à l'endroit où il se trouve.

Driss Aroussi fait appel à ce qui permet de reproduire le réel comme la photographie, de le saisir comme la vidéo. Ces dernières années il a photographié les chantiers de construction, passant du temps avec les ouvriers, partageant leur quotidien, considérant les hommes, les outils, les objets. Le réel pour lui porte aussi la marque du travail, les stigmates de ses contradictions, les signes de la transformation qu'il opère sur notre réel.

Avec le film Sisyphe une dimension narrative nouvelle apporte un regard poétique et complémentaire sur le corps à l'œuvre, l'humanité et les espaces de l'ouvrage quotidien : le cycle perpétuel de la vie.

Son dernier film, Borj el Mechkouk, réalisé en 2023, est un récit poétique et une fable écologique réalisée une fois de plus dans le désert marocain.

Le film a été sélectionné notamment à Clermont-Ferrand et à Visions du Réel.

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