MEDIA CORSICA
Med7 en Corse : quatre questions sur le sommet des
pays du sud de l’Union européenne
Les chefs d’État de sept pays méditerranéens sont attendus jeudi en Corse à l’occasion du Med7, présidé par Emmanuel
Macron. On vous explique en quoi consiste cette alliance.
Publié le 09/09/2020 à 10h22 • Mis à jour le 10/09/2020 à 12h31
Ludovic Marin / AFP
Le septième Med7 se tient en Corse jeudi 10 septembre. Il sera présidé par Emmanuel Macron. Cette alliance informelle
réunit sept pays méditerranéens membres de l’Union européenne (France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Malte et Chypre).
-
Quelle est l’origine de cette alliance ?
Le premier Med7 s’est déroulé en septembre 2016. À cette date, les chefs d’État des sept pays concernés s’étaient réunis à
Athènes à l’initiative du Premier ministre grec d’alors Alexis Tsipras.
Ces premières discussions s’étaient déroulées dans un contexte de fracture entre les pays du nord de l’Europe et ceux du
sud sur fond de crise économique grecque.
-
Quel est le but du Med7 ?
L’objectif premier de cette alliance est d'assurer une meilleur coordination sur des thématiques communes, comme la politique économique, sociale, migratoire ou encore de défense.
Selon l'Élysée, ces pays membres "partagent la même volonté d'impulser une nouvelle dynamique de coopération" dans cette région, "notamment sur les enjeux de développement durable et de souveraineté".
Ils s'accordent aussi sur l'avenir de l'UE. Le groupe des sept veulent une Union européenne plus solidaire, et ont fait front commun en juillet face aux pays dits "frugaux", plutôt du nord, sur le plan de relance européen de 750 milliards d'euros.
-
Sur quoi vont porter les discussions ?
Cette année, le sommet est marqué par de vives tensions en Méditerranée orientale. Les sept pays membres vont tenter d’accorder leur stratégie pour éviter une escalade de la crise opposant la Grèce à la Turquie.
Il s'agit "de faire progresser le consensus sur la relation de l'UE avec la Turquie, en vue notamment du sommet européen des 24-25 septembre qui y sera consacré", à Bruxelles, précise l'Élysée.
La Grèce et Chypre sont opposées à la Turquie qui revendique le droit d'exploiter des gisements d'hydrocarbures dans une zone maritime qu'Athènes estime relever de sa souveraineté.
La France a clairement affiché son soutien à la Grèce en déployant des navires de guerre et des avions de combat dans la région, une initiative vivement dénoncée par le président turc Recep Tayyip Erdogan, déjà très remonté contre Paris.
-
Où se sont déroulés les précédents sommets ?
Six sommets ont déjà été organisés : à Athènes en septembre 2016 sur la question de la sécurité, à Lisbonne en janvier 2017 sur la place commerciale de l'Europe, à Madrid en avril 2017 où les questions du Brexit et de l'Europe à 27 ont été abordées; à Rome en janvier 2018, et enfin dernièrement à Nicosie en janvier 2019 où la crise des migrants en Méditerranée a dominé les débats.
Med7 : Emmanuel Macron en Corse, des attentes et déjà des frustrations
En marge du sommet des pays du sud de l'Union européenne qui se tient jeudi en Corse, la venue du Président de la République suscite forcément des attentes, notamment dans la sphère économique, mais aussi, déjà, beaucoup de déceptions chez les nationalistes.
Publié le 09/09/2020 à 07h39 • Mis à jour le 09/09/2020 à 08h04
Le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni avec Emmanuel Macron, lors d'une visite à la Collectivité de Corse en février 2018 à Ajaccio (Corse-du-Sud). • © Ludovic MARIN / POOL / AFP
Le programme officiel ne prévoit pas de passage par la case Collectivité de Corse, mais nous avons appris mardi que le Président de la République a bien proposé au Président du Conseil Exécutif un rendez-vous en tête-à-tête.
La rencontre est prévue jeudi matin 8h30 pendant une demi-heure, nous a précisé Gilles Simeoni qui rencontrera ensuite les ministres présents.
Hostilités envers les élus nationalistes pour Femu a Corsica
Pas de quoi apaiser le ressentiment de Femu a Corsica, formation autonomiste, majoritaire à la Collectivité de Corse.
Lundi, lors d’une conférence de presse, Jean-Félix Acquaviva a évoqué "le mépris du président de la République vis-à-vis des institutions locales".
Le secrétaire national de Femu et député de la deuxième circonscription de la Haute-Corse estimait alors que le Président de la République faisait preuve "d’hostilités envers les élus nationalistes", dans la droite ligne de la politique menée par Paris depuis 2017.
Ce mardi, il n’a pas changé d’avis. Pas plus qu’après avoir reçu lundi soir, une invitation au diner républicain organisé mercredi soir à Ajaccio. Le député compte y assister "sans trop d’espoir" en terme d'avancées politiques.
Jean-Félix Acquaviva tacle en outre l’escale à Bonifacio, ville du LREM Jean-Charles Orsucci. Selon le député nationaliste, c’est le signe d’une "volonté de privilégier certains dans un processus électoral. C’est donc un Président en campagne électorale".
Paris, 18.02.2020. Le député de la Haute-Corse Jean Felix Acquaviva lors des questions au gouvernement dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale. • © Sébastien Muylaert / MaxPPP
Dans les rangs des inquiets, on trouve aussi le parti des nationalistes de Core in Fronte. Le mouvement indépendantiste a été le premier à déplorer la tenue du sommet des pays du sud de l'Union européenne en Corse, alors que l''île est "est la seule grande île de Méditérrannée à n'avoir aucun statut politique lui conférant de réels pouvoirs de gestion dans les domaines non-régaliens".
Le parti indépendantiste Corsica Libera dénonce pour sa part qu'aucun élu corse ne soit invité à cette réunion internationale. Cela "nous invite à douter sur les intentions du président de la République Française, concernant l'avenir institutionnel de notre île", a déclaré le parti du président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni.
Pour le PS, la Corse n’est que le territoire de réception
Ce constat est partagé par la secrétaire du parti socialiste de Haute-Corse. Emmanuelle De Gentile qui est aussi la première adjointe au maire nationaliste de Bastia, indique ne "pas attendre grand-chose, notamment puisque Bastia est complètement écarté de cette visite".
"En allant qu’à Ajaccio et Bonifacio, le Président vient lancer la campagne des régionales. Quand on vient en Corse, ce n’est jamais anodin. Or, là, la Corse n’est que le territoire de réception, elle n’est pas partie prenante de la réflexion sur la Méditerranée".
La Corse, un territoire de réception, et alors semble considérer Jean-Jacques Panunzi. "Ce n’est pas d’actualité, estime le sénateur membre du groupe Les Républicains puisqu’il vient pour le Med7. J’ose imaginer qu’il y aura plus tard une réunion avec les élus et les socioprofessionnels et le ministre de l’économie pour discuter d’un plan de relance de la Corse".
Priorité à l'économie pour les LR de Haute-Corse
Dans le contexte de tensions extrêmes liées à la crise sanitaire de la Covid-19, c'est en économie que les annonces sont attendues par François Xavier Ceccoli.
Pour le conseiller territorial et secrétaire général LR de Haute-Corse, "ce qu'on attend du gouvernement aujourd'hui c'est une solidarité pour la Corse avec des mesures particulières pour l'économie des entreprises, mais aussi pour les particuliers, avec ce qui s'annonce en terme de chômage dans les prochaines semaines. Le président de la République ne vient pas pour cela, mais il y a urgence".
Cette urgence, la sphère économique l'a bien surligné. Lundi, la chambre de commerce et d’industrie de la Corse a ainsi lancé un appel solennel à Emmanuel Macron pour mettre en oeuvre un plan de relance et ainsi sortir l’économie locale de la crise dans laquelle l’a enfoncée la Covid-19.
Besoin estimé : 2,5 milliards d’euros avec 500 millions très vite pour financer les 70 mesures prévues.
"Les plus urgentes, explique Jean Dominici, président de la CCI de Corse, sont le report dans 18 mois du remboursement des PGE (prêt garanti par l’Etat) et le prolongement du chômage partiel jusqu’en avril 2021 au moins".